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Sterilux: innover pour limiter les infections à l’hôpital
Staphylococcus, Pseudomonas ou encore Légionnella. Les micro-organismes se cachant derrière ces noms sont des bactéries responsables d’infections dites nosocomiales, ou plus simplement des infections hospitalières, qui peuvent mener à la mort dans les pires cas.
Les hôpitaux et autres centres de soins des pays industrialisés combattent ces agents pathogènes en stérilisant leur matériel avec de grandes installations par exemple par autoclave, c’est-à-dire à la vapeur d’eau. Malgré toutes ces précautions, jusqu’à 10% des patients admis dans ces hôpitaux contractent une telle infection après une intervention chirurgicale, une pose de cathéter ou encore une assistance respiratoire mécanique. Dans les pays en développement, où ces méthodes de stérilisations sont le plus souvent négligées, les infections ont des conséquences ravageuses.
Le bilan est alarmant selon l’organisation mondiale de la santé: en Afrique (2009), le taux d’infection nosocomiale dans le service de chirurgie variait de 5.7% à 45.8%. Les raisons sont multiples: Premièrement, les pays en développement manquent de ressource en eau qui est primordiale aux techniques de stérilisations conventionnelles. Ensuite, l’alimentation en électricité n’y est pas toujours garantie. Finalement, l’aseptisation des ustensiles médicaux est trop coûteuse.
Sterilux, une entreprise Suisse fondée par des ingénieurs de l’EPFL, a développé un système pour tenter de résoudre le problème. Leur solution s’appelle « SteriBox ».
Il s’agit d’une petite boîte de 20 L. Il suffit d’y placer les instruments médicaux à stériliser, ajouter 1mL d’eau et l’insérer dans une station de contrôle de 50 cm de hauteur. En fournissant seulement 5 minutes d’électricité et après une attente de 3 à 5 heures, le contenu est stérile pour une durée d’un mois.
Cette prouesse technologique résulte d’une réaction entre l’eau ajoutée à la boîte et de l’ozone. L’énergie consommée produit une radiation d’UV qui transforme l’oxygène présent dans la boîte en ozone. Le contact entre l’ozone et l’eau libère des radicaux d’hydroxyle qui stérilise le contenu de la boîte.
Le résultat est impressionnant si on le compare aux méthodes actuelles. La « SteriBox » consomme cinquante fois moins d’énergie et mille fois moins d’eau, tout en divisant par cent le coût d’un cycle de stérilisation.
Marc Spaltenstein, CEO et fondateur de l’entreprise, se concentre maintenant sur la commercialisation du produit: «Nous sommes allés à la rencontre d’hôpitaux en Inde et nous avons établi des contacts avec eux. Cette étape était très importante, car elle nous a permis de connaître le besoin réel sur place. Nous sommes encore en train d’améliorer notre prototype et en plein dans la recherche d’investisseurs et de donations, mais les premiers essais sont prévus pour fin 2016 et les premières ventes pour 2017. »
Cette alternative à la méthode de stérilisation des pays développés pourrait donc réellement contribuer à améliorer les mesures de sécurité liés aux infections dans les pays défavorisés et ainsi donner les meilleures conditions possibles aux patients.
Assurer un milieu stérile là où l’homme est le plus vulnérable aux attaques d’organismes infectieux. Voilà un geste qui pourrait devenir simple et accessible grâce à une idée ingénieuse. Voilà une idée à suivre afin de changer les choses dans le monde.
Christina Aberer